juste la fin du monde intermède analyse
1 Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 543. On ne peut manquer d’être frappé, découvrant aujourd’hui Juste la fin du monde, par la proximité de manière et de propos qui relie les deux films. "Juste" implique que cela n'est rien du tout. Juste la fin du monde, pièce de Jean‑Luc Lagarce achevée en 1990, est un des textes dramatiques les plus joués et les plus emblématiques du dramaturge. A[ntoine] ! 16L’état 1 de l’intermède présente un premier régime de modifications : il s’agit des notes manuscrites qui corrigent, développent, ou suppriment certains passages du tapuscrit. Louis est là sans l’être. Ces deux personnages, dans les scènes précédentes, s’étaient énervés et étaient sortis de l’espace de jeu6. La réécriture rend plus implicite les rapports entre les personnages et, loin de chercher à clarifier les situations, les rend parfois ambiguës, comme au début de la scène 13 où l’on ne peut pas dire tout à fait de qui parlent Antoine et Suzanne, ou par la suppression de la scène 15 de l’état 1, sans doute trop explicite. 14, p. 31 Suzanne et AntoineVoix de la Mère et de Catherine (scène 15). Etc : 19La correction a pour effet, à la lecture, de retarder la proposition d’Antoine de raccompagner son frère à la gare, et donc de rendre l’enchainement des répliques moins abrupt. Un théâtre entre présence et absence, Classiques Garnier, collection « Études de littérature du xxe et du xxie siècles », 2014. 27L’état 2B des scènes de l’intermède confirme et amplifie la réorientation de l’écriture observée dans l’état 2A. Avec Juste après la fin du monde, le huis clos apporte une sensibilité supplémentaire à l’édifice. Juste la fin du monde, c’est une épitaphe. Extrait de la première version de, Fig. Alors que les premières corrections effectuées sur le texte tendaient à lui assurer une forme de continuité, à clarifier les enchaînements entre les scènes et les relations entre les personnages, l’état 2A assume au contraire une forme de rupture avec les scènes précédentes, comme si notre point de vue changeait, comme si notre regard se déplaçait, et accompagnait Antoine et Suzanne dans le lieu de leur fuite. 5 On ne retrouve pas dans les archives, par exemple, un document évoqué par Jean-Pierre Thibaudat à propos de Juste la fin du monde dans sa biographie, Le Roman de Jean-Luc Lagarce, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 225. 14L’état 2B correspond aux pages 30 à 34 de la deuxième version de Juste la fin du monde. 18 Jean-Luc L agarce, Juste la fin du monde, op. L’effort de clarification et de continuité a laissé la place à une écriture en rupture, troublant la perception de l’espace et du temps, quittant un certain réalisme, rendant plus implicite et plus ambigus les rapports entre les personnages, et laissant apparaître la solitude et l’impuissance de Louis. 2. Voici un commentaire linéaire de la scène 1 de la partie II de Juste la fin du monde (1990) de Jean-Luc Lagarce.. La scène 1 est analysée ici en intégralité. Par rapport à l’état 1, le nombre de scènes a été réduit de quatre à trois, et leur numérotation débute désormais à 13. 6 Ce que l’on peut en tout cas supposer en suivant les didascalies internes du texte, par exemple celle qui clôt la scène du « buffet de la gare » où Louis demande à Antoine où il va, indiquant donc le mouvement d’Antoine loin de Louis. Résumé . L’état 3 abandonnera cette référence directe à la solitude de Louis, sans doute assez présente dans l’intermède de manière plus implicite. Appliqué. À l’éclatement de l’espace qui s’opérait dans l’état 2A s’ajoute donc désormais la dilatation du temps dans cet état 2B. Ce n’est pas bien, je recommence, je recommence. Jean-Luc Lagarce et l’écriture scénaristique : Entretien avec Gérard Bouysse, coscénariste du scénario, Lagarce, d’une langue à l’autre : Entretiens avec Paolo Bellomo (italien), Marcel Kalunga (kiswahili) et Alina Kornienko (russe), Spécial Festival des idées : Besançon ville ouverte aux jeunes, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, https://doi.org/10.4000/skenegraphie.1385, Un changement net d’orientation au cours de l’écriture, Des corrections initiales qui visent à créer de la continuité, Amplification de la rupture dans les états suivants, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-1.jpg, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-2.jpg, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-3.jpg, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-4.jpg, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-5.jpg, http://journals.openedition.org/skenegraphie/docannexe/image/1385/img-6.jpg, Catalogue des 555 revues, Fig. Nous ne les mentionnons pas ici car la présente étude ne les évoquera pas. Le réalisme de la pièce se trouble, s’inquiète, s’enfuit un instant dans les habits du rêve, sans pour autant renverser sa signification et n’être plus qu’un rêve. C’est comme la nuit en pleine journée, on ne voit rien, j’entends juste les bruits, j’écoute, je suis perdu et je n’entends personne ». 5. 13 Journal, 1977-1990, tome i, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 216. 4. Sur les cinq séquences qui structureront au final Juste la fin du monde, l’intermède est celle dont nous disposons dans les archives du plus grand nombre de versions des scènes qui la composeront. Plan de l'analyse dramaturgique L'intermède de Juste la fin du monde Claude Nicolas Ledoux, sont consultables s, Dans la section « Brouillons et versions du texte » que nous reproduisons ici, on trouve également, Nous soulignons, en italiques, les trois tapuscrits paginés qui constituent les trois versions d’e, On ne retrouve pas dans les archives, par exemple, un document évoqué par Jean-Pierre Thibaudat à, Ce que l’on peut en tout cas supposer en suivant les didascalies internes du texte, par exemple ce, Suite à la division de la scène 7 en deux scènes distinctes, 7 et 8, tous les numéros de scène son. , Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 216. Dans la scène 15, ce dernier évoque un rêve qui ouvre l’espace par une vision labyrinthique et fantastique de la maison, le ramenant à ses peurs d’enfance. Télécharger le dossier pédagogique (Pdf 14Mo). Il comporte neuf scènes, donc trois de plus que l’état 2B. Un théâtre entre présence et absence, Voir l’analyse de Denis Guénoun à propos du, , mais qui peut tout aussi bien s’appliqu. Louis / Antoine. Claude Nicolas Ledoux, sont consultables sur le site. 33Ainsi, au-delà du fait qu’il se constitue en tant que séquence à part entière, l’intermède s’affirme, au fil des versions, comme rupture dans le sens où il permet d’observer un geste d’écriture singulier de Jean Luc Lagarce. L’écrivain est le rhapsode, celui qui met en récit – en « histoires ». Extrait de la première version de, Fig. Nous ne les mentionnons pas ici car la présente étude ne les évoquera pas. Nous choisissons, pour plus de clarté, d’intégrer dans cet état 3 la page isolée numérotée 43, esquisse de la scène 19, et se rattachant à la troisième version quoiqu’antérieure à elle. », Skén&graphie, 5 | 2018, 45-60. Concita, Madame ! 4 et 5). Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Contacts – Crédits du site – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Entretien avec François Berreur, Catherine Derosier-Pouchous et Patrick Zanoli, Questionnaire proposé par Alexis Leprince, Juste la fin du monde, de Lagarce à Dolan, La genèse de l’intermède : une brèche dans l’écriture de. Dans « juste la fin du monde » nous allons étudier la dernière partie de l’œuvre, la scène qui conclut la pièce ; l’épilogue. Juste la fin du monde (1990) fait partie d’une constellation de quatre pièces reprenant la thématique de la parabole évangélique du fils prodigue (Luc XV) : Retour à la citadelle (1984), Juste la fin du monde (1990), J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne (1994) et Le Pays lointain (1995), réécriture cette dernière de Juste la fin du monde. Du point de vue des personnages, la Mère, Catherine et Louis disparaissent et il ne reste qu’Antoine et Suzanne. Dans Juste la fin du monde, la famille entière de Louis a arrêté de vivre il y a douze ans, son départ a ouvert des plaies chez chacun qui resurgissent à son retour. 12Le premier état des scènes de l’intermède correspond aux pages 19 à 23 de la première version du texte. , Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 543. Juste la fin du monde de Xavier Dolan : du cercle infini à la ligne droite. URL : http://journals.openedition.org/skenegraphie/1385 ; DOI : https://doi.org/10.4000/skenegraphie.1385. Alexis Leprince, « La genèse de l’intermède : une brèche dans l’écriture de Juste la fin du monde ? 17 Ibid., p. 72. Néanmoins, quand bien même cette forte présence de brouillons concernant l’intermède ne serait due qu’aux hasards de la transmission, d’autres éléments semblent indiquer que l’intermède a malgré tout occupé une place singulière dans le processus d’écriture de Juste la fin du monde. Celle de la famille dont on vante les louanges, qui n’arrive pas à ravaler sa rancœur et dépasser ses frustrations. Juste la fin du monde (qui s’est tout d’abord intitulé Les Adieux puis Quelques éclaircies) est la pièce de théâtre la plus connue de Jean-Luc Lagarce. Voir http://fanum.univ-fcomte.fr/lagarce/index.php?f=1&d=458, 10 Cela correspond à un volontarisme dans l’écriture né notamment après une longue discussion avec Lucien et Micheline Attoun suite à leur refus de la première version de Derniers remords avant l’oubli. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. Comment résumer Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce ? Louis lui-même fait souvent preuve d’ironie, par exemple lorsqu’il répond à sa famille qui lui propose de rester plus longtemps : « Mieux encore […] je renonce à tout, j’épouse ma sœur, nous vivons très heureux. Fig. Un long monologue de six pages (dix minutes de scène), Juste la fin du monde, I, 3 N.B. Théâtre du Nord, Lille, du 01/06/2021 au 05/06/2021 Consulter les événements et les acteurs locaux par région Écrite en 1990, Juste la fin du monde reçoit un accueil très négatif : aucun éditeur ne veut publier le texte, ce qui conduit Jean-Luc Lagarce à cesser d’écrire pendant deux ans. On peut noter la présence de deux pages 34. Sur les cinq séquences qui structureront au final Juste la fin du monde, l’intermède est celle dont nous disposons dans les archives du plus grand nombre … 1. 9 Premier état de la p. 32. Leur retour s’explique ici par une discussion qu’ils semblent avoir eue hors-scène pour se calmer, et la scène 12 s’inscrit donc dans la continuité des scènes précédentes, clarifiant les entrées et sorties des personnages. Il reprend et amplifie l’état 2A, et comporte désormais six scènes, numérotées de 13 à 18, soit le double du nombre de scènes présentes dans l’état 2A. (Trop ?)1. Catherine : Ils sont énervés.La Mère : Ils sont énervés, mais les autres jours, « à l’ordinaire », ils ne sont pas comme ça. Nous soulignons. Le sujet de conversation entre eux est toujours la dispute, mais Suzanne évoque d’abord celle qui vient d’éclater entre Louis et Antoine dans la scène précédente, avant que la conversation ne semble plus concerner qu’Antoine et Suzanne, au fil d’un glissement sur l’ambiguïté du renvoi du pronom « nous ». Cannes 2016 - “Juste la fin du monde”, de Xavier Dolan : la presse internationale très divisée Revue de presse A chaque comédien Xavier Dolan donne le temps de livrer de l'inédit. Nous reproduisons ci-dessous l’arborescence visible sur le site3 : Brouillons et versions du texte• Première version-Première version• Seconde version-Première version des p. 24 et 25-Première version des p. 30-32-Seconde version des p. 30-32-Plan paginé du prologue, de la première partie et de l’intermède-Version d’ensemble non achevée-Nouvelle esquisse pour la scène 18• Troisième version-Première version de la p. 43-Première version des p. 46-48-Version définitive et complète de l’œuvre4. 32L’état 3 achève donc l’orientation de l’écriture telle que nous l’avons observée au fil des réécritures. 3 Dans la section « Brouillons et versions du texte » que nous reproduisons ici, on trouve également deux brouillons isolés, qui selon toute vraisemblance ont été écrits avant la première version. Deuxième rupture, la réécriture approfondit la relation entre Antoine et Suzanne, au détriment de Louis, qui disparaît des scènes où il était précédemment présent. Extrait de la première version de Juste la fin du monde (cote IMEC : 42.7), Voir http://fanum.univ-fcomte.fr/lagarce/index.php?f=1&d=12. L’intermède comporte cette fois six scènes, numérotées 13 à 18. 11 Dans son ouvrage Lagarce. On ne retrouve pas dans les archives, par exemple, un document évoqué par Jean-Pierre Thibaudat à propos de. Juste la fin du monde, le premier de ses textes à être refusé par tous les comités de lecture. Après ces trois premiers brouillons se trouve un plan paginé du prologue, de la première partie et de l’intermède – la deuxième partie et l’épilogue sont absents de ce plan. 26Le passage de l’état 1 à l’état 2A marque donc une réorientation nette dans l’écriture des scènes de l’intermède. Une nouvelle fois, l’intermède se trouve amplifié, puisqu’il comporte dans ce dernier état neuf scènes. L'Intermède vous recommande aujourd'hui la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, "Juste la fin du monde" jouée au à l'Etoile du Nord jusqu'au 1er décembre 2012. 21Lagarce note, entre l’avant dernière et la dernière scène du tapuscrit, cette série de possibilités, comme des variantes de structure, troublant la continuité des scènes telle qu’elle s’établissait jusque-là. Il est intéressant de noter que le début de la scène adopte dans cette version une écriture plus chorale que dialogique, ce qui a pour effet d’accentuer la proximité entre les deux personnages dans cet état de l’intermède. Nous soulignons. 17L’ajout de ces quatre répliques permet de justifier le retour d’Antoine et de Suzanne parmi le groupe déjà présent sur scène. Juste la fin du monde, partie 2, scène 1, introduction. Une biographie, des portraits inédits, une revue de presse, des extraits, des analyses, des séquences et des sujets de baccalauréat : un ouvrage pédagogique complet pour aborder dès la seconde, non seulement le théâtre de Jean-Luc Lagarce, mais la plupart des objets d’étude du programme de français. La pièce tente de tenir dans cet entre-deux, équilibre fragile entre une réalité et une ou des subjectivités qui viennent la troubler de leurs fantasmes, dans une forme de suspens qui ne tranche pas sur la signification à lui donner. La réécriture semble alors nous faire changer de point de vue et d’espace : alors que dans l’état 1 c’était ces deux personnages qui revenaient sur scène, dans l’état 2 c’est comme si c’était notre regard qui allait les découvrir là où ils se sont enfuis. Dans cette scène Louis nous explique, a nous expectateurs, après sa mort qu’il ne revoit jamais sa famille et nous raconte une nouvelle histoire de son passé qui suit sa visite. ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 30 et 31. , Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 30 et 31. L’espace et le temps se fragmentent, se dilatent, les relations se distendent, créant paradoxalement un lieu où Louis, l’homme des mots, n’est plus le maitre, lieu plus accueillant alors pour la parole de l’autre, la parole de celui qui ne sait pas parler et se débat dans les catégories de celui qui sait parler et écrire, Antoine. Ces pages comportent quatre scènes, numérotées à la main de 12 à 15. 2 Ces brouillons, conservés à l’imec, numérisés à la mshe Claude Nicolas Ledoux, sont consultables sur le site fanum. 38Il s’agit certes ici d’hypothèses. ... (Texte A). Ces voix introduisent également la notion de perte dans l’espace qui se fait jour avec l’ajout d’une nouvelle scène 15, mettant en jeu les trois autres personnages, et notamment Catherine, qui exprime ce sentiment de perte : Catherine : Où est ce qu’ils sont ? Dans ces deux scènes, Louis est d’ailleurs caractérisé par sa solitude car, bien que la Mère soit présente, Louis ne l’entend pas, ou n’arrive pas à communiquer avec elle. Quatre répliques sont ainsi ajoutées à la main au début de la scène 12 qui ouvre l’état 1 de l’intermède : Fig. Les corrections manuscrites présentes sur l’état 1 de l’intermède semblent donc aller dans une direction commune, visant à clarifier les relations entre les personnages, à les rendre aussi, d’un point de vue psychologique, plus vraisemblables, et à inscrire les scènes dans une forme de continuité les unes par rapport aux autres. Mais, paradoxalement, ces brouillons, ceux en tout cas qui sont parvenus jusqu’à nous, sont assez peu nombreux, ou se révèlent lacunaires2. Alexis Leprince, « La genèse de l’intermède : une brèche dans l’écriture de Juste la fin du monde ? 6La troisième version, enfin, est achevée et est quasiment identique à la version publiée : seule la numérotation des scènes, qui sera modifiée par l’éditeur, et quelques corrections de langue, diffèrent. Extrait de la première version de Juste la fin du monde (cote IMEC : 42.7). Juste la fin du monde de Lagarce Personnages principaux Louis Suzanne Antoine Catherine La mère Résumé par parties Prologue : Louis annonce qu’il va bientôt mourir, ce qu’il attend. Cela correspond à un volontarisme dans l’écriture né notamment après une longue discussion avec Lu, Lagarce. Cet état semble constituer un point intermédiaire important entre l’état de l’intermède dans la première version et son état dans la deuxième version. Juste la fin du monde; Extrait 3 : Début de l'intermède Juste la fin du monde. L'adaptation filmique du même nom, tournée en 2016 par Xavier Dolan, renforce le succès de la pièce auprès du grand public. Juste la fin du monde est une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce à Berlin en 1990, dans le cadre d'une bourse Léonard de Vinci, alors qu'il se savait atteint du sida. 3. 31Les deux autres scènes qui sont ajoutées dans cet état se placent au début de l’intermède et peuvent paraître étonnantes du point de vue de l’orientation de l’écriture depuis l’état 2A. Cette troisième version est accompagnée par deux brouillons de scènes : une page numérotée 43 qui est une esquisse de la future scène 19 de l’intermède et les pages numérotées 46 à 48, qui constituent, elles, un premier état de la scène 23 de la deuxième partie. Voir http://fanum.univ-fcomte.fr/lagarce/index.php?f=1&path=_fo190_fo2_fo112_d466. Les scènes 16 et 18, toutes deux nouvelles, continuent d’approfondir la relation entre Suzanne et Antoine, notamment la scène 16 qui, dans son mélange entre tendresse et dureté, fait écho à la scène 15 de l’état 1, tandis que la scène 17, montrant la mère qui retrouve Louis après l’avoir cherché longtemps, creuse cette idée de distance dans l’espace qui a vu le jour dans l’état 2A. Sur la première est écrite une scène 18 s’intégrant à la suite des autres scènes de l’intermède, tandis que la seconde présente elle aussi une scène dix-huit, mais précédée de la mention « deuxième partie ». Extrait de la première version de Juste la fin du monde (cote IMEC : 42.7). 37Cette réorientation servira peut-être aussi de déclencheur pour l’écriture de la deuxième partie : car ce qui se joue dans ce renversement de perspectives que l’on observe au fil des versions de l’intermède, c’est peut-être avant tout le renversement des positions, l’isolement de Louis, la proximité entre Antoine et Suzanne, qui annonce, permet, libère peut-être, la dernière salve d’écriture où Antoine prendra toute sa dimension12. En 2011, Samuel Theis met lui aussi en scène Juste la fin du monde, spectacle qui remporte les prix SACD et Théâtre 13 Jeunes metteurs en scènes. En outre, on peut remarquer que, de version à version, l’intermède est la partie qui connait le plus de modifications en termes d’ajout, de suppression ou de déplacement de scènes. It's Only the End of the World (French: Juste la fin du monde) is a 2016 drama film written, edited and directed by Xavier Dolan.The film is based on the play of the same name by Jean-Luc Lagarce and stars Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux and Vincent Cassel.It is about a young playwright who reunites with his family after a 12-year absence to inform them … Louis : Je ne resterai pas la nuit, je dois être chez moi demain, en fin de matinée, ce serait bien, et je pensais, j’avais prévu, ce que je crois, j’avais prévu de repartir ce soir. Quels sont les thèmes clés de cette œuvre ? 4La première version du texte, qui compte vingt-trois pages, est inachevée, mais est assez proche de ce que sera la structure finale de la première partie de la pièce publiée. Alors que l’expression « La fin du monde » renvoie à une situation apocalyptique, l’adverbe « juste » ajoute une touche de distance et d’ironie qui dédramatise la situation. La présence de ces deux pages 34 semble indiquer une forme d’indécision, d’hésitation, en tout cas de recherche, sur les dernières scènes de l’intermède et le début de la seconde partie. Mais la scène 13 entre Louis et la Mère confirme, dès le début de l’intermède, le renversement de perspective qui s’opère : « Louis. Comme le fait remarquer Antoine, il est … 36On peut dès lors faire l’hypothèse que quelque chose se joue sans doute dans cet obstacle que constitue l’écriture de l’intermède, quelque chose qui irradie ensuite dans le reste de la pièce. 29Cet état 2B s’achève sur deux scènes 18, l’une appartenant à l’intermède, l’autre constituant la première de la seconde partie de la pièce. Ce délai dans la proposition d’Antoine de raccompagner son frère à la gare a pour effet, également, de donner une épaisseur différente au personnage, le rendant moins brutal dans sa prise de parole. Ce dont on peut être certain, néanmoins, c’est que se fait jour, dans le processus d’écriture de l’intermède tel que nous l’avons suivi, un geste d’écriture singulier chez Lagarce, éloignant Juste la fin du monde du « théâtre psychologique » auquel l’auteur rattachait, avec une pointe d’ironie sans doute, Derniers remords avant l’oubli13, l’éloignant aussi, peut-être, de l’horizon d’attente des lecteurs de Théâtre Ouvert, qui l’avaient convaincu d’adopter une écriture visant à « rendre clair » et qui se retrouveront devant une écriture qui, si elle n’est pas obscure, refuse de trancher et reste en suspens. Chacun ne pense qu’à sa gueule. Correction pour la seconde version de Juste la fin du monde (cote IMEC : 42.7), Voir http://fanum.univ-fcomte.fr/lagarce/index.php?f=1&d=460. La scène était très explicite sur la proximité enfantine des deux frères et la tension érotique qui pouvait exister entre eux, et elle ne semble plus trouver sa place dans cet état 2A qui a recentré l’attention sur la relation entre Antoine et Suzanne, au détriment de Louis. Nous soulignons, en italiques, les trois tapuscrits paginés qui constituent les trois versions d’ensemble de la pièce. Notons par exemple l’ajout – et la prévision d’ajout ici signifié par le « etc » – des répliques suivantes dans la scène 13 : Fig. Extrait de la seconde version de Juste la fin du monde (cote IMEC : 42.8), Voir http://fanum.univ-fcomte.fr/lagarce/index.php?f=1&d=14, Fig. Est-ce que je ne l’avais pas dit ?S[uzanne] : Tu n’avais rien dit ? – Guillaume Galienne. Ainsi, les deux versions des pages 30 à 32 sont des brouillons des scènes 13 à 15 de l’intermède ; l’esquisse pour la scène 18 propose une alternative à la scène 18 de l’intermède présente dans la deuxième version ; la page 43, accompagnant la troisième version, présente un brouillon de la scène 19 de l’intermède ; enfin, le plan paginé, accompagnant la deuxième version, mentionne pour la première fois l’intermède. AccueilNuméros5Carnet critiqueLa genèse de l’intermède : une br... 1Écrite à Berlin dans le cadre d’une bourse d’écriture de la villa Médicis hors les murs, Juste la fin du monde, semble être le fruit d’un travail acharné et difficile, ainsi qu’on peut le lire dans le Journal, par exemple le 26 mai 1990 : J’ai un peu avancé sur Quelques éclaircies que je songe à rebaptiser Juste à la fin du monde. C’est pourquoi, sur le plan paginé, on peut lire cette indication au niveau de l’intermède : Sc. L’ajout de ces quatre répliques permet aussi de donner la parole à Louis, et donc d’acter la présence de tous les personnages dans cette scène, ce qui sera également le cas dans la scène suivante. Cette rupture se manifeste particulièrement au niveau de l’espace, qui apparaît dans l’état 2A profondément éclaté, divisé entre différents lieux d’où les personnages ne semblent pouvoir ni se voir ni s’entendre. Critique et Analyse Nathalie Baye et Gaspard Ulliel dans Juste la fin du monde (2016). Il meurt brutalement en septembre 1995. Ce que l’on peut en tout cas supposer en suivant les didascalies internes du texte, par exemple celle qui clôt la scène du « buffet de la gare » où Louis demande à Antoine où il va, indiquant donc le mouvement d’Antoine loin de Louis. Commentaire Intermède Juste La Fin Du Monde Page 4 sur 23 - Environ 224 essais ... à la fin de l’année, revint-il, pour la troisième fois, auprès de Mme de Warens qui, désormais, vivait à Chambéry : ce fut son dernier grand voyage à pied. Dans les scènes 13 à 15, reprises de l’état précédent, on peut relever une modification importante, qui s’intègre complètement à la réorientation de l’écriture telle que nous venons de l’observer : les voix de Catherine et de la Mère, entendues dans la scène 14, correspondent à des paroles prononcées par ces mêmes personnages dans la scène 15. Il y a à la fois une affirmation tragique, c'est la fin du monde, c'est la mort, et en même temps sa réfutation, c'est "juste" la fin du monde. Le plan paginé du prologue, de la première partie et de l’intermède reproduit cette version de l’intermède et leur pagination. Elle est accompagnée de brouillons de scènes appartenant à ce deuxième moment d’écriture mais antérieures à la version de 34 pages : une première version de la scène onze qui prendra place aux pages 24 et 25 du tapuscrit, et deux versions des pages 30 à 32, concernant les scènes 13 à 15, qui seront modifiées et amplifiées aux pages 30 à 34 dans le tapuscrit pour donner les scènes 13 à 18 de l’intermède.